Vue d‘ensemble

Les managers suisses en pleine conversation
Créer une start-up à partir d’une page blanche

Dans cette édition du Stettler CEO Talk, Lydie Terret, General Manager auprès d’Exeltis Suisse SA, expose la manière dont elle a créé la filiale suisse du groupe pharmaceutique Exeltis. Elle évoque les différentes étapes de la création d’une start-up, d’une première rencontre magique entre les membres de son équipe à l’obtention de la licence d’exploitation, le pipeline de produits ainsi que les ambitions de l’entreprise. Enfin, elle nous révèle pourquoi son métier de rêve d’enfant, celui de parfumeur, la fascine encore aujourd’hui.

Lydie Terret, vous êtes General Manager de la start-up pharmaceutique Exeltis depuis une année et demi et avez mis en place une équipe de dix personnes. Quelle a été votre démarche pour créer cette start-up et constituer l’équipe?

Le temps file! Cela fera en effet 18 mois en novembre. Comme vous le savez, chaque mois compte à ce stade. Cette merveilleuse aventure m’a été proposée dans le but d’implanter et de développer la filiale suisse du groupe pharmaceutique Exeltis, déjà présent aux Etats-Unis et en Europe. Même s’il s’agit d’un modèle de start-up, ma mission initiale était de mettre en place une structure visant à commercialiser et distribuer plusieurs médicaments existants dans d’autres pays. Je me suis donc concentrée sur deux projets en parallèle: la logistique et la distribution, d’une part, et la promotion et la commercialisation, d’autre part.

Pour le premier, j’ai fait appel à des prestataires externes en Suisse tout en mettant à profit le savoir-faire de l’interne. Si elle mérite des ajustements, la structure existante fonctionne.

Pour le second, je suis partie d’une page blanche. J’ai fait appel à mes connexions avec cependant un temps limité.

Dans quelle mesure ressentez-vous l’influence de la société mère espagnole Exeltis?

Lors du recrutement, le siège m’a soutenue à deux niveaux: d’une part, pour sélectionner les candidatures sur LinkedIn et, d’autre part, pour les entretiens des candidates et candidats. Il s’agissait de tester les compétences de ceux-ci et leur capacité à travailler en mode start-up.

Au quotidien, j’ai peu de contact avec le siège excepté pour la partie enregistrement, qualité et production. Quant à la partie stratégique les décisions sont plutôt locales. Notre business model est assez unique: le siège est au service des filiales. Je m’engage en échange à livrer ce que j’ai prévu et négocié. En résumé, j’ai beaucoup de liberté dans mon quotidien mais une importante pression financière.

Quelle a été pour vous l’expérience la plus intense durant la création d’entreprise?

Toutes! Tout est riche en émotions et en expériences, sans parler de la charge de travail. Un moment restera néanmoins gravé à jamais : la première rencontre avec et entre tous les collaborateurs que j’avais engagés. C’était le premier jour pour chacun d’entre eux. Il y a eu une certaine osmose dans cette rencontre alors que personne ne se connaissait: au bout de quelques heures, on avait l’impression qu’ils travaillaient tous ensemble depuis longtemps. Je n’ai jamais vu cela en vingt ans de métier. C’était un mélange de synergies, d’ondes très positives et de magie.

Une autre période très intense a été l’obtention de la licence d’exploitation: une étape complètement nouvelle pour moi, dont les enjeux étaient également très importants. L’obtention de cette licence a été un grand jour. 

Comment la société Exeltis est-elle actuellement perçue sur le marché?  

C’est encore tôt pour se prononcer car l’équipe est sur le terrain depuis seulement dix mois. Je pense néanmoins que nous avons une image de laboratoire sérieux, professionnel et dynamique. Les portes des cabinets s’ouvrent désormais plus facilement.

Comment se présente votre pipeline de produits et où voyez-vous Exeltis dans cinq ans?

Le domaine d’expertise d’Exeltis est la gynécologie et les médicaments pour différentes indications: de la contraception à la ménopause en passant par la grossesse. Exeltis a l’ambition de se tourner vers d’autres domaines thérapeutiques. Ma mission en Suisse reste de mettre en place et de développer une équipe solide tout en enrichissant notre portefeuille de produits. Si, en parallèle, le marché suisse présente des besoins auxquels notre portefeuille peut répondre, alors nous saisirons l’opportunité. Dans cinq ans, j’espère donc que nous serons connus et reconnus comme la meilleure équipe auprès des gynécologues suisses et, pourquoi pas, dans d’autres domaines thérapeutiques.

A vos yeux, quel est l’aspect le plus important de la gestion de personnel?

La confiance. Nous avons besoin de croire en nous et de nous faire confiance. Sinon, nous ne pouvons pas avancer dans de bonnes conditions. L’aspect humain reste au cœur de tout business: il est précieux, et c’est en même temps l’élément le plus fragile. Le moindre faux pas peut mettre en péril l’équilibre nécessaire au bon fonctionnement d’une petite équipe.

Quel type de profil convient à Exeltis?

Nous sommes intéressés par différents profils, pour autant qu’ils aient le goût de l’aventure, la soif du partage, l’envie de réussir et bien entendu de l’intelligence.

Qu’est-ce que vous considérez comme un défi?

Faire avancer tout le monde à la même vitesse, même si chacun est différent.

Comment réagissez-vous en situation critique?

C’est une bonne question. L’expérience me fait prendre du recul et me rappelle qu’il y a une solution à tout, à condition qu’on priorise et qu’on agisse au plus vite pour limiter l’impact de la situation critique. Assez impatiente de nature, je suis beaucoup plus tolérante et patiente au travail. Mais j’ai encore beaucoup à apprendre.

Par exemple, qu’aimeriez-vous apprendre d’autre?

Comment mieux travailler avec des gens qui n’ont pas la même culture de travail. 

Quel était le métier de vos rêves lorsque que vous étiez enfant?

Je voulais être ce qu’on appelle un «nez» pour créer des parfums.

Quelle est votre recette personnelle de carrière et comment conciliez-vous famille et travail?

Je n’ai pas de recette, si ce n’est de tout faire pour choisir librement – mais sans être égoïste – et relever les défis qui m’attirent. D’après mon mari et mes enfants, âgés de 16 et 14 ans, je concilie plutôt bien vie privée et vie professionnelle. Je sais cloisonner ces différents domaines de ma vie et n’ouvre par conséquent pratiquement jamais mon ordinateur le soir et le week-end. Je deviendrai peut-être plus carriériste lorsque les enfants quitteront la maison. Ma famille reste ma priorité.

Si vous pouviez changer quelque chose en un claquement de doigt, que feriez-vous?

Si c’était possible, je ferais des études de «nez» pour rejoindre une maison de parfum.

Devenir parfumeur est un de vos rêves depuis votre enfance jusqu’à aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous fascine dans ce métier ?

C’est un métier de grande créativité dans lequel nous utilisons notre sens olfactif tout en faisant appel à nos souvenirs, c’est un peu un «art nostalgique». Ce métier me fascine parce que c’est un mélange de poésie et de nostalgie à l’opposé du mien où je ne prends pas trop le temps de revenir sur le passé, je suis tournée en permanence vers l’avenir.

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Quelles sont les clés d’une conduite efficace dans l’environnement dynamique du secteur de la santé? Qu'est-ce qui rend les employeurs attrayants dans l’industrie pharmaceutique, les technologies médicales et en milieu hospitalier? Tous les mois, le Stettler CEO Talk donne en exclusivité la parole à des cadres suisses et leur permet de s’exprimer sur ce qui les anime et ce qui fait évoluer l’industrie.

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